On a tous remarqué à quel point les coureurs élites ont tendance à monter leur pied très haut vers la fesse : Bekele en est un parfait exemple (voir photo).
On pourrait croire qu’ils ont dû, à force d’entrainement, développer des ischio-jambiers très puissants pour pouvoir y arriver. Or il n’en est rien: les ischio-jambiers jouent un rôle très important en course mais ce n’est pas celui-là.
La hauteur de remontée du pied est avant tout et principalement la conséquence d’un mouvement passif du coureur qui est lié à 5 facteurs :
- la vitesse : plus la vitesse est élevée et plus la force du renvoi du sol est également élevée (3ème loi de Newton : l’action est toujours égale à la réaction ; en l’occurrence, la force appliquée par le coureur sur le sol génère une force de réaction d’égale valeur)
- la direction du trajet du pied à l’impact : si le pied est dans une trajectoire d’avant vers l’arrière avant le contact avec le sol (comme il se doit dans le cas d’une bonne technique de course), le pied rebondira plus haut
- la distance entre le contact du pied avec le sol et l’aplomb du bassin : plus le point de contact est près de l’aplomb du bassin, plus la force de réaction du sol sera dirigée vers l’arrière facilitant ainsi le rebond. Ainsi les coureurs qui ont une pose talon ont tendance à avoir un pied qui se lève pas très haut car ils ont tendance à poser leur pied quelques centimètres plus loin devant eux que certains coureurs plus médio-pied voire avant-pied. Cela crée d’ailleurs un cercle biomécanique spécifique : le plus le pied est posé devant et le moins le pied se lève haut: le coureur doit donc poser loin devant pour garder de la longueur dans sa foulée. D’ailleurs, si le coureur, qui pose son pied loin devant lui, cherche à lever son pied haut vers sa fesse, il devra beaucoup solliciter ses ischio-jambiers et prendra le risque d’une blessure de ce muscle.
- la souplesse du coureur: si les quadriceps du coureur sont très raides, il aura plus de mal à amener son pied vers sa fesse.
- le poids du bas de la jambe du coureur : plus la masse de cette partie de la jambe est importante (y compris la chaussure), plus il faudra de force pour lever le pied haut: l’âge du coureur a d’ailleurs souvent un effet sur la hauteur du remontée du pied: les jeunes (en particulier les adolescents) ont des jambes fines et souples : à vitesse égale, leur pied a tendance à remonter nettement plus haut que les adultes (en dépit d’ischio-jambiers pas particulièrement puissants).
On aura compris qu’au vu de ses facteurs, muscler ses ischio-jambiers pour remonter le pied plus haut n’a pas beaucoup d’intérêt: il est bien plus intéressant de travailler la gestuelle, faire des étirements et courir avec des chaussures légères.
On constate des différences souvent importantes entre les coureurs de hauteur de remontée du pied à vitesse égale. C’est un indicateur très intéressant pour déterminer les forces et faiblesses de leur foulée et les conseiller sur la poulaine la plus adaptée et aussi la meilleure position de bras.
Dans d’autres articles, nous parlerons de l’intérêt ou non de lever le pied haut vers la fesse.
Bonne course à tous ! C’est le moment de bosser sa technique et, par exemple, de participer à l’une de nos conférences-ateliers !