Parler de foulée idéale a peu de sens en course à pied. Ce serait comme parler d’un coup droit idéal au tennis : lequel ? Celui de Nadal ? De Federer ? Ou bien d’un swing idéal en golf ? On voit bien que chez les meilleurs sportifs, chacun développe un style particulier. Ce style va dépendre du physique, de l’expérience, de l’apprentissage, du matériel et de la pratique.
Il n’empêche que les champions respectent dans leur immense majorité des principes communs à leur propre sport (par exemple au tennis : centrer la balle, avancer dans la balle, avoir un bon placement, etc.). C’est la raison pour laquelle dans chaque sport s’est développé un apprentissage technique qui comprend des bases très largement communes et reconnues comme telle par l’ensemble de la communauté des entraîneurs. Ces bases peuvent éventuellement évoluer au fil du temps – compte tenu des modes ou bien d’évolution dans les connaissances techniques ou bien dans le matériel. L’exemple du Fosbury en saut en hauteur, par exemple, démontre que dans certains sports, il peut même y avoir de véritables révolutions gestuelles techniques. En course à pied, la chaussure, le revêtement et la pratique ont ainsi leur importance.
La course à pied n’est donc pas en reste : autant il n’existe pas en soi de foulée idéale, autant il existe un socle de conseils techniques à respecter par les coureurs pour optimiser leur technique ; malheureusement, l’immense majorité des coureurs n’ont juste aucune idée de ces conseils et font le plus souvent beaucoup d’erreurs ou de contresens dans leur technique de course par manque d’éducation technique. Il est ainsi étonnant que l’aspect technique de la course à pied soit à ce point négligé (par exemple dans les magazines ou même en clubs). Car on constate quantité de contresens techniques pratiqués par les coureurs amateurs en course à pied. On peut citer une mauvaise gestuelle des bras en rapport avec le mouvement des jambes, une mauvaise posture, une cadence inadaptée au style de course, une pose de pied inefficiente, une chaussure inadaptée voire contraire aux qualités intrinsèques d’un coureur, etc.
Bien que le lien ne soit pas absolument prouvé entre technique et blessure en course à pied, un certain bon sens (et aussi bien sûr les retours pragmatismes du terrain) nous indique avec un très haut niveau de probabilité qu’une technique plus adaptée ne peut que contribuer à de meilleures performances, un meilleur ressenti, plus de plaisir à courir et aussi bien sûr une plus grande longévité en course à pied.
Faire preuve de « scientisme »(*) en matière de technique de course est inepte ; en effet, ce n’est pas parce qu’une chose n’a pas été prouvée par une étude scientifique qu’elle est fausse. On ne peut donc pas objecter à des conseils au seul prétexte que leur validité ne serait pas prouvée scientifiquement. En revanche, on peut objecter à des conseils si des études scientifiques démontrent leur fausseté. Ainsi, pendant des milliards d’années, la Terre a tourné autour du Soleil sans que cela soit prouvé par un scientifique (c’était donc une fausseté pour un scientiste !). Mais depuis que cela a été prouvé scientifiquement, personne ne peut soutenir – comme on le faisait avant – que le Soleil tournerait autour de la Terre.
L’approche que nous avons développée chez COURIR LEGER – LIGHT FEET RUNNING correspond tout à fait ce qui vient d’être écrit : nous tenons compte de la pratique, des données scientifiques et de l’état actuel des connaissances et du matériel pour donner aux coureurs des conseils pour optimiser leur technique en course à pied, sans jamais prétendre à une foulée idéale.
(*) le scientisme consiste à ne tenir compte que des connaissances scientifiques effectivement prouvées selon une méthode scientifique établie et reconnue.